La “Nuit de Surienne”

La “Nuit de Surienne”  entre le 24 et 25 mars 1449

Le roi d’Angleterre, voyant de plus en plus s’éloigner la perceptive d’un renouvellement d’alliance avec François Ier de Bretagne, qui était plutôt favorable au roi de France Charles VII, organisa dès 1446, une opération minutieuse visant à prendre la baronnie de Fougères en vue de faire pression sur le duc de Bretagne.

Il choisit alors le comte de Suffolk, nouveau duc de Normandie, pour mener cette expédition malgré la trêve imposée par le Carême.
Ce dernier, trouva en la personne de Surienne qui était alors Capitaine de Verneuil et de Longny, un complice de grande qualité.
En effet, Surienne pouvait se vanter d’avoir réussit à prendre une trentaine de villes ou châteaux, et celui-ci, aidé de ses espions, savait que l’on négligeait la garde en la baronnie de Fougères.
La ville fût donc plongée dans un bain de sang et tomba une nouvelle fois aux mains des Anglais.

En réponse à cet affront, les combats reprirent de plus bel, et ce fût un peu avant la capitulation des Anglais que la ville de Fougères fût rendue au duc de Bretagne, alors allié du roi de France Charles VII, grand vainqueur de la guerre de Cent Ans.

Enfin, de cette époque lointaine, nous restent actuellement encore quelques lieux aux noms évocateur, et la légende de la fée Mélusine qui, selon la légende, se manifesterait avant que de grands malheurs ne s’abattent sur les habitants de la ville. Ainsi certain anciens de la ville font encore allusion aux cris d’alerte de ladite fée, annonçant les grands incendies et les deux désastres tant matériels qu’ humains majeurs du XIX° siècle que sont la Iere et la IIde Guerre Mondiale.

Fougères et la Guerre de Cent Ans (1337- 1453)

A la mort d’Hugues XII en 1282, la baronnie passa aux mains de son fils Hugues XIII de Lusignan

dont le règne se termina par sa mort lors de la bataille de Courtrai en 1302. Aussi la baronnie échoua-t-elle entre les mains de son frère Guy qui fût le dernier seigneur de Fougères à part entière de 1303 à 1307 car il ne pût empêcher Philippe le Bel de s’en emparer. Cependant, le roi autorisa encore la sœur aînée de Guy à jouir, sa vie durant, de tous les biens de sa famille, y comprit de la baronnie de Fougères. Elle mourut en 1314, après quoi, en vertu des nouveaux droits de propriétaire que s’était arrogé le Capétien, la baronnie fût intégrée au domaine royal ; ce dernier représenté par la maison d’Alençon, qui allait présider aux destinées du pays pendant quatorze ans et jusqu’à la guerre de Cent Ans.

En plus des difficultés de la guerre de Cent Ans opposant Philippe de Valois, fils de Charles de Valois et cousin germain des derniers Capétiens directs, à Édouard III, roi d’Angleterre, fils d’Édouard II et époux de la fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, sur les droits de succession du trône de France, s’ajoutent les troubles dus à la guerre des succession de Bretagne opposant la maison de Blois, alliée de la France, et la famille des Montfort alors alliée au roi d’Angleterre.

Ce dernier devait assurer la tutelle du futur duc Jean IV, ce qui fût le prétexte pour que les Anglais débarquent sur le sol breton. Après la défaite de la couronne de France lors de la bataille de La Roche Derrien en 1347, Charles le Chauve fût emmené prisonnier en Angleterre où il resta jusqu’en 1356. Bien que l’armée Française connut la victoire lors du Combat des Trente sur la lande Mie-Voie, entre Josselin et Ploërmel en 1351, on retiendra également le siège de Rennes par les Anglais d’octobre 1356 à juillet 1357, où s’illustra vraiment pour la première fois Du Guesclin, chevalier encore obscur dont les ruses firent merveille pour la délivrance de la ville.

Enfin, suite à la bataille d’Auray en 1364, au cour de laquelle périt Charles de Blois, fût signé en 1365 le Traité de Guérande reconnaissant le jeune Jean de Montfort duc de Bretagne (1364- 1399),cela grâce au roi d’Angleterre, son allié depuis toujours. En remerciement de ce soutien, Jean IV livra aux Anglais un grand nombre de places fortes dont la baronnie de Fougères. Cette politique qualifiée de traîtrise par Charles V entraîna l’envoi d’une forte expédition en Bretagne, commandée par Du Guesclin en personne. Ce n’est qu’à partir de 1373 que toutes les villes rebelles furent reconquises.

Ce n’est qu’en 1428 que la baronnie de Fougères revint aux mains du duc Jean V. En effet, celui-ci la racheta au duc Jean II d’Alençon, alors captif des Anglais suite à la bataille de Verneuil. Ensuite, malgré la violence de la guerre de Cent Ans, Fougères allait connaître une nouvelle période importante pour son histoire de par le développement de la ville grâce à la bourgeoisie fougeraise de plus en plus entreprenante et de plus en plus fortunée.

Ainsi, dès la fin du XIV° siècle, et tout au long du XV° siècle, la ville continua de se développer comme s’il importait de se dépêcher afin de gagner du temps sur une guerre environnante.

C’est pourquoi, l’enceinte urbaine fût parachevée dans ses grandes lignes en se greffant directement au château. De plus, l’économie florissante de la ville permit aux bourgeois de construire un magnifique beffroi, le premier jamais construit en Bretagne, utile pour annoncer les heures de la journée mais également, pour mieux surveiller le pays de Fougères. Ce beffroi, situé en haute ville face au château, traduisait le prestige montant de la bourgeoisie locale en position de s’administrer elle-même, ce qui pour l’époque, représentait comme un défi à l’autorité seigneuriale.

Dans l’Histoire de France

De Rennes à Saint-Malo, de Vitré à Laval

en passant par nos petites routes de campagne, Fougères est annoncée comme étant une ville médiévale de mille ans d’histoire car on peut y voir une multitude de monuments datant de cette époque mal perçue que peut être le Moyen-âge. Ainsi, une multitude de Fougerais se reconnaissent dans ces édifices construits à la gloire de la ville. Bien que l’on sache que les premières traces de vie de ce qui deviendra la baronnie de Fougères remontent au néolithique, il est difficile pour les historiens de dater avec précision les différents évènements perturbant cette installation humaine.

On sait cependant que cette installation prospéra suffisamment longtemps pour y voir implanter, dès le XI° siècle, une motte féodale dont il ne reste que les traces de fondation creusées à même le rocher, du premier château de bois.

Cependant, c’est au XII° siècle que Fougères connue de plus en plus d’importance car, cette cité médiévale allait connaître des évènements sans précédents dans l’histoire de Bretagne.

Des Marches de Bretagne à la notion de Frontière

C’est au début du VIe siècles, à cause de l’implantation de plus en plus massive de Bretons et de leur volonté de s’étendre vers l’Est de leur zone d’influence, que fût créé,

suite à la construction par les Mérovingiens de multiples points d’appui, postes d’observation ou place de refuge, un territoire tampon ayant pour but de contenir l’ennemi.

Cette zone tampon s’étendait sur une large partie de l’est Armoricain de part et d’autre du bassin de la Vilaine, puis s’étendait sur le pays de Rennes, Nantes et Vannes alors que vers le Sud, elle s’arrêtait au niveau de la Loire ce qui permit aux Mérovingiens de contrôler les différents axes de communication, telles les voies d’Angers à Carhaix, d’Avranches à Nantes, de Rennes à Angers, de Nantes à Poitiers etc.

De cette ” Marche Mérovingienne “, il ne reste que peu de sources dont la plupart sont de nature archéologiques, ou toponymique. Ainsi, une trentaine de localités tout autour, et même à l’intérieur de la Bretagne, font référence au terme de ” guerche ” et sont situées vers l’Ouest pour contrer les Bretons, et au Sud, pour lutter contre les Wisigoths.

A la fin du VIII° siècle, Charlemagne, pour améliore son système défensif et d’attaque contre ses opposants créa, tout au long des frontières de son royaume et pour maintenir les peuples nouvellement dominés, organisa de multiple zones dites de ” Marches ” tel les Marches d’Espagne, les Marches de Bénévent et, bien entendu, les Marches de Bretagne (mentionnée pour la première fois en 778) qui comprenaient les comtés de Rennes, Vannes et Nantes ainsi que le Craonnais.

A la tête de cette conscription militaire se tenait le Marquis, le ” Margrave ” ou encore ” le Préfet des Marches ” dont le plus connu est le neveu de l’Empereur lui-même, Roland de Roncevaux, préfet des Marches de Bretagne. Ils avaient pour mission de surveiller les populations dominées et de les réprimer par des expéditions punitives en cas de sursaut d’humeur.

Cependant, ce territoire des marches de Bretagne subit de nombreuses mutations dues à différents facteurs. Tout d’abord, vers 830, un Breton fût nommé pour gouverner la Marche, afin de favoriser son intégration dans l’univers Carolingien. Cela permit à la Bretagne de porter en elle un” sentiment national Breton ” attribuée, à tord ou à raison, à Nominoë et à ses successeurs. De plus, suite aux nouveaux rapports de force entre chefs Bretons et chefs Francs, dus aux deux défaites de Charles le Chauve lors des batailles de Ballon et Jengland-Beslé, un Etat Breton vît le jour vers 845.

Cependant, c’est à la fin du XI° siècle que le royaume Breton, qui se compose d’une partie de la Normandie, du Maine, de l’Anjou et du Poitou, inclut les Marches de Bretagne. L’influence des villes des Marches de Bretagne sera limitée à l’Est à cause des villes de Normandie et d’Anjou, mais elle sera renforcée au Sud de la Loire avec l’annexion du pays de Rais qui renforcera le comté de Nantes.

Après de nombreux tumultes entre les différents peuples, et leur installation dans des châteaux forts de pierre au XII° siècle, que les notions de Marches et de frontières commencèrent à se confondre. En effet, l’encellulement des hommes et le meilleur contrôle des différents axes de communication renforcent l’influence des différentes Maison de Bretagne, de Normandie etc. et limitent les différents échanges ; l’espace est alors perçu comme Frontière et non plus comme Marches.

Dans ce contexte, la ville de Fougères se trouvait être une place forte importante car elle contrôlait, de par sa position géographique et son château fort, chef lieu de la baronnie, les axes de communication en direction de la Normandie, du Maine et de l’Anjou. Cependant, bien que le château eut joué un rôle important dans le contrôle des axes de communications, il n’en reste pas moins qu’il est surtout significatif des différents rapports entre les hommes et de la notion de féodalité qui en résultent.

Plus grand château médiéval d’Europe », notre bon château de Fougères impose sa puissance et son élégance.

première marque de cette opposition est spatiale. Le château, siège du pouvoir seigneurial, se situe en fond de vallée, dans une zone très marécageuse,

ce qui offrait une protection en plus pour la défense des populations et des intérêts seigneuriaux. De plus, la présence du Nançon faisait que les lieux étaient beaucoup plus propices au développement des métiers de l’artisanat. C’est pourquoi, lors du développement de la ville, les quartiers du Bourgvieil et du Bourgneuf se sont principalement développé sur les hauteurs de la ville.